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Page:Bernard - Eleonor d Yvree.djvu/58

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connoiſt ma tendreſſe, il alloit m’épouſer, & s’il ſe voit dans la neceſſité d’eſtre ingrat, à quel point je prevois qu’il le ſera ! Ne vous atendez point que je lui apprenne vôtre innocence, je ne ſçaurois le faire. Ayez pitié de moi ; du moins la ſincerité que je vous fais paroiſtre vous doit faire excuſer ma foibleſſe. La plus grande marque d’amitié que je vous puiſſe donner à preſent, c’eſt de me plaindre avec vous, je ne ſuis plus en eſtat de vous ſervir.

On vint avertir que le Duc de Miſnie entroit. Ah ! je ſuis perduë s’il vous voit, dit-elle à Eleonor. Ne demeurez point ici, je vous en conjure, donnez-moi cette marque d’amitié. Je ne ſçais ce que je vous demande, mais faites le pour l’amour de moi ; je ne puis être témoin d’un eclairciſſement que vous ne differerez pas longtemps.

Eleonor étoit dans le premier mouvement de ſon dépit, qui l’auroit