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Page:Bernard - Eleonor d Yvree.djvu/59

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obligée à fuir le Duc de Miſnie, quand on ne l’en auroit pas priée. Elle ſortit, mais elle le rencontra. Ce Duc fut ſurpris de la voir ; il avoit perdu l’eſperance de la trouver jamais, & il ſe porta naturellement à la regarder, avec les mêmes yeux qu’il avoit toûjours eus pour elle, mais il ſe reprocha cette foibleſſe ; le chagrin qu’il conſervoit contre Eleonor, en augmenta, & il paſſa comme s’il eût craint de ſe trop arreſter.

Eleonor fut frapée d’une ſurpriſe qui ſuſpendit tous ſes mouvemens. D’abord elle ne conceut pas ſes maux dans toute leur étenduë, mais enfin elle les enviſagea diſtinctement. Elle paſſa aux reflexions, elle ſentit ſa douleur, & c’étoit la plus vive qu’elle eût encore ſentie. Elle ne retrouvoit ſon Amie & ſon Amant que pour les haïr, & que pour apprendre qu’il s’aimoient ; ſa conſtance n’étoit point à l’épreuve de pareils chagrins. Son devoir l’auroit défenduë contre la