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Page:Bernard - Eleonor d Yvree.djvu/88

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malheureuſe que je ſuis ; auſſi ſera-t-elle le plus grand de tous mes maux, puisqu’elle ſervira à la ſeule choſe que J’aye apprehendée en ma vie. Vos larmes me forcent à ce dernier épanchement de cœur, ajoûta-t-elle ; j’avois réſolu de ne vous faire plus de confidences, les miennez vous ont toûjours été faſcheuſes. Conſolez-vous-en, je ne vous en ferai pas davantage. Vous allez être delivrée d’une Amie importune ; vous allez être vangée d’une Rivale ; vous allez avoir vôtre Amant, & quand je ſerai morte, vous ne ſongerez pas que j’aye été au Monde.

Ces paroles penetrerent vivement Eleonor. Il ſe fit une revolution ſubite dans ſon eſprit ; elle ſe ſentit le Courage d’executer ce qu’elle avoit projetté ; enfin l’amitié & la reconnoiſſance acheverent dans ce moment de la determiner ſur une choſe, à quoi elle étoit dés longtemps reſoluë, mais qu’elle auroit peut-être toûjours differée.