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Page:Bernard - Eleonor d Yvree.djvu/89

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Elle embraſſoit Matilde, ſans prononcer un ſeul mot, tant ce qui ſe paſſoit en ſon ame, l’occupoit. Enfin elle rompit le ſilence. Ne vous inquietez plus, lui dit elle, c’en eſt fait, je parts de Mouzon, & je vais épouſer le Comte de Retelois, vous en ſçaurez bien-tôt les nouvelles. Je ſuis au deſeſpoir de vous quitter en l’état où vous étes, mais ma preſence aigrit vos douleurs. Adieu pour jamais, je me prive de vous, ce n’eſt pas le plus petit ſacrifice que je vous faſſe.

Matilde n’avoit ny la force de la retenir, ny celle de lui dire adieu. Je rougis, lui dit-elle, de la foibleſſe que je vous fais paroiſtre, & j’ai honte qu’une maladie qui me met prés de la mort, ne m’ait point guerie d’une paſſion que je déteſte ; mais enfin je l’avouë, vôtre mariage avec le Comte de Retelois, eſt peut-être la ſeule choſe qui me peut ſauver la vie. Cependant je ne vous preſſe point de l’a-