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DEUXIÈME PARTIE

DE L’EXPÉRIMENTATION CHEZ LES ÊTRES VIVANTS.


CHAPITRE PREMIER

CONSIDÉRATIONS EXPÉRIMENTALES COMMUNES AUX ÊTRES
VIVANTS ET AUX CORPS BRUTS.
§ I. — La spontanéité des corps vivants ne s’oppose pas à l’emploi de l’expérimentation.

La spontanéité dont jouissent les êtres doués de la vie a été une des principales objections que l’on a élevées contre l’emploi de l’expérimentation dans les études biologiques. En effet, chaque être vivant nous apparaît comme pourvu d’une espèce de force intérieure qui préside à des manifestations vitales de plus en plus indépendantes des influences cosmiques générales, à mesure que l’être s’élève davantage dans l’échelle de l’organisation. Chez les animaux supérieurs et chez l’homme, par exemple, cette force vitale paraît avoir pour résultat de soustraire le corps vivant aux influences physico-chimiques générales et de le rendre ainsi très difficilement accessible à l’expérimentation.

Les corps bruts n’offrent rien de semblable, et, quelle que soit leur nature, ils sont tous dépourvus de spontanéité. Dès lors la manifestation de leurs propriétés étant