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identité des principes de l’expérimentation.

lésion des nerfs amenait une paralysie tantôt du sentiment, tantôt du mouvement, mais aujourd’hui on sait que la section des racines antérieures rachidiennes ne paralyse que les mouvements ; c’est constamment et toujours que cette paralysie motrice a lieu parce que sa condition a été exactement déterminée par l’expérimentateur.

La certitude du déterminisme des phénomènes, avons-nous dit, doit également servir de base à la critique expérimentale, soit qu’on en fasse usage pour soi-même, soit qu’on l’applique aux autres. En effet, un phénomène se manifestant toujours de même, si les conditions sont semblables, le phénomène ne manque jamais si ces conditions existent, de même qu’il n’apparaît pas si les conditions manquent. Donc il peut arriver à un expérimentateur, après avoir fait une expérience dans des conditions qu’il croyait déterminées, de ne plus obtenir dans une nouvelle série de recherches le résultat qui s’était montré dans sa première observation ; en répétant son expérience, après avoir pris de nouvelles précautions, il pourra se faire encore qu’au lieu de retrouver le résultat primitivement obtenu, il en rencontre un autre tout différent. Que faire dans cette situation ? Faudra-t-il admettre que les faits sont indéterminables ? Évidemment non, puisque cela ne se peut. Il faudra simplement admettre que les conditions de l’expérience qu’on croyait connues ne le sont pas. Il y aura à mieux étudier, à rechercher et à préciser les conditions expérimentales, car les faits ne sauraient être opposés les uns aux autres ; ils ne peuvent être