Page:Bernard - Introduction à l’étude de la médecine expérimentale, Baillière, 1865.djvu/140

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
134
de l’expérimentation chez les êtres vivants.

quelles que soient les variétés que présentent ces trois ordres de phénomènes, que la nature de la réaction soit de l’ordre physico-chimique ou vital, elle n’a jamais rien de spontané, le phénomène est toujours le résultat de l’influence exercée sur le corps réagissant par un excitant physico-chimique qui lui est extérieur.

Chaque élément défini minéral, organique ou organisé est autonome, ce qui veut dire qu’il possède des propriétés caractéristiques et qu’il manifeste des actions indépendantes. Toutefois chacun de ces corps est inerte, c’est-à-dire qu’il n’est pas capable de se donner le mouvement par lui-même ; il lui faut toujours, pour cela, entrer en relation avec un autre corps et en recevoir l’excitation. Ainsi, dans le milieu cosmique, tout corps minéral est très stable, et il ne changera d’état qu’autant que les circonstances dans lesquelles il se trouve viendront à être modifiées assez profondément, soit naturellement, soit par suite de l’intervention expérimentale. Dans le milieu organique, les principes immédiats créés par les animaux et par les végétaux sont beaucoup plus altérables et moins stables, mais encore ils sont inertes et ne manifesteront leurs propriétés qu’autant qu’ils seront influencés par des agents placés en dehors d’eux. Enfin, les éléments anatomiques eux-mêmes, qui sont les principes les plus altérables et les plus instables, sont encore inertes, c’est-à-dire qu’ils n’entreront jamais en activité vitale, si quelque influence étrangère ne les y sollicite. Une fibre musculaire, par exemple, possède la propriété vitale qui lui est spéciale de se contracter, mais cette fibre vivante