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de l’expérimentation chez les êtres vivants.

sont nécessaires à leurs manifestations. Les phénomènes ne sont que l’expression même du rapport de ces conditions ; d’où il résulte que, les conditions étant semblables, le rapport sera constant et le phénomène identique, et que les conditions venant à changer, le rapport sera autre et le phénomène différent. En un mot, pour faire apparaître un phénomène nouveau, l’expérimentateur ne fait que réaliser des conditions nouvelles, mais il ne crée rien, ni comme force ni comme matière. À la fin du siècle dernier, la science a proclamé une grande vérité, à savoir, qu’en fait de matière rien ne se perd ni rien ne se crée dans la nature ; tous les corps dont les propriétés varient sans cesse sous nos yeux ne sont que des transmutations d’agrégation de matières équivalentes en poids. Dans ces derniers temps, la science a proclamé une seconde vérité dont elle poursuit encore la démonstration et qui est en quelque sorte le complément de la première, à savoir, qu’en fait de forces, rien ne se perd ni rien ne se crée dans la nature ; d’où il suit que toutes les formes des phénomènes de l’univers, variées à l’infini, ne sont que des transformations équivalentes de forces les unes dans les autres. Je me réserve de traiter ailleurs la question de savoir s’il y a des différences qui séparent les forces des corps vivants de celles des corps bruts ; qu’il me suffise de dire pour le moment que les deux vérités qui précèdent sont universelles et qu’elles embrassent les phénomènes des corps vivants aussi bien que ceux des corps bruts.

Tous les phénomènes, de quelque ordre qu’ils soient,