Page:Bernard - Introduction à l’étude de la médecine expérimentale, Baillière, 1865.djvu/153

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
147
identité des principes de l’expérimentation.

existent virtuellement dans les lois immuables de la nature, et ils ne se manifestent que lorsque leurs conditions d’existence sont réalisées. Les corps et les êtres qui sont à la surface de notre terre expriment le rapport harmonieux des conditions cosmiques de notre planète et de notre atmosphère avec les êtres et les phénomènes dont elles permettent l’existence. D’autres conditions cosmiques feraient nécessairement apparaître un autre monde dans lequel se manifesteraient tous les phénomènes qui y rencontreraient leurs conditions d’existence, et dans lequel disparaîtraient tous ceux qui ne pourraient s’y développer. Mais, quelles que soient les variétés de phénomènes infinis que nous concevions sur la terre, en nous plaçant par la pensée dans toutes les conditions cosmiques que notre imagination peut enfanter, nous sommes toujours obligés d’admettre que tout cela se passera d’après les lois de la physique, de la chimie et de la physiologie, qui existent à notre insu de toute éternité, et que dans tout ce qui arriverait il n’y aurait rien de créé ni en force ni en matière : qu’il y aurait seulement production de rapports différents et par suite création d’êtres et de phénomènes nouveaux.

Quand un chimiste fait apparaître un corps nouveau dans la nature, il ne saurait se flatter d’avoir créé les lois qui l’ont fait naître ; il n’a fait que réaliser les conditions qu’exigeait la loi créatrice pour se manifester. Il en est de même pour les corps organisés. Un chimiste et un physiologiste ne pourraient faire apparaître