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considérations spéciales aux êtres vivants.

indépendante dans sa marche et dans sa modalité. Ce qui le prouve, c’est qu’on voit un être vivant naître, se développer, devenir malade et mourir, sans que cependant les conditions du monde extérieur changent pour l’observateur.

De ce qui précède il résulte que celui qui expérimente sur les corps bruts peut, à l’aide de certains instruments, tels que le baromètre, le thermomètre, l’hygromètre, se placer dans des conditions identiques et obtenir par conséquent des expériences bien définies et semblables. Les physiologistes et les médecins, avec raison, ont imité les physiciens et cherché à rendre leurs expériences plus exactes en se servant des mêmes instruments qu’eux. Mais on voit aussitôt que ces conditions extérieures, dont le changement importe tant au physicien et au chimiste, sont d’une beaucoup plus faible valeur pour le médecin. En effet, les modifications sont toujours sollicitées dans les phénomènes des corps bruts, par un changement cosmique extérieur, et il arrive parfois qu’une très légère modification dans la température ambiante ou dans la pression barométrique amène des changements importants dans les phénomènes des corps bruts. Mais les phénomènes de la vie, chez l’homme et chez les animaux élevés, peuvent se modifier sans qu’il arrive aucun changement cosmique extérieur appréciable, et de légères modifications thermométriques et barométriques n’exercent souvent aucune influence réelle sur les manifestations vitales ; et, bien qu’on ne puisse pas dire que ces influences cosmiques extérieures soient essentiellement nulles, il