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de l’expérimentation chez les êtres vivants.

mie ou à la physique, qui sont des sciences plus simples. Ce qui n’empêche pas que beaucoup de travaux de chimie et de physique physiologiques, conçus d’après ce faux point de vue, n’aient pu rendre de grands services à la physiologie.

En un mot, je considère que la physiologie, la plus complexe de toutes les sciences, ne peut pas être expliquée complètement par l’anatomie. L’anatomie n’est qu’une science auxiliaire de la physiologie, la plus immédiatement nécessaire, j’en conviens, mais insuffisante à elle seule ; à moins de vouloir supposer que l’anatomie comprend tout, et que l’oxygène, le chlorure de sodium et le fer qui se trouvent dans le corps sont des éléments anatomiques de l’organisme. Des tentatives de ce genre ont été renouvelées de nos jours par des anatomistes histologistes éminents. Je ne partage pas ces vues, parce que c’est, ce me semble, établir une confusion dans les sciences et amener l’obscurité au lieu de la clarté.

L’anatomiste, avons-nous dit plus haut, veut expliquer l’anatomie par la physiologie ; c’est-à-dire qu’il prend l’anatomie pour point de départ exclusif et prétend en déduire directement toutes les fonctions, par la logique seule et sans expériences. Je me suis déjà élevé contre les prétentions de ces déductions anatomiques[1], en montrant qu’elles reposent sur une illusion dont l’anatomiste ne se rend pas compte. En effet, il faut distinguer dans l’anatomie deux ordres de choses :

  1. Voy. Cl. Bernard, Leçons de physiologie expérimentale. Paris, 1856, tome II. Leçon d’ouverture, 2 mai 1855.