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de l’expérimentation chez les êtres vivants.

pêcher d’expérimenter et de conclure des recherches pathologiques faites sur ces animaux à celles qui sont observées sur l’homme, elles deviennent des raisons puissantes du contraire. Les diverses espèces d’animaux nous offrent des différences d’aptitudes pathologiques très nombreuses et très importantes ; j’ai déjà dit que parmi les animaux domestiques, ânes, chiens et chevaux, il existe des races ou des variétés qui nous offrent des susceptibilités physiologiques ou pathologiques tout à fait spéciales ; j’ai constaté même des différences individuelles souvent assez tranchées. Or, l’étude expérimentale de ces diversités peut selon nous donner l’explication des différences individuelles que l’on observe chez l’homme, soit dans les différentes races, soit chez les individus d’une même race, et que les médecins appellent des prédispositions ou des idiosyncrasies. Au lieu de rester des états indéterminés de l’organisme, les prédispositions, étudiées expérimentalement, rentreront par la suite dans des cas particuliers d’une loi générale physiologique, qui deviendra ainsi la base scientifique de la médecine pratique.

En résumé, je conclus que les résultats des expériences faites sur les animaux aux points de vue physiologique, pathologique et thérapeutique sont, non seulement applicables à la médecine théorique, mais je pense que la médecine pratique ne pourra jamais, sans cette étude comparative sur les animaux, prendre le caractère d’une science. Je terminerai, à ce sujet, par les mots de Buffon, auxquels on pourrait donner une signification philosophique différente, mais qui sont