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considérations spéciales aux êtres vivants.

ment sur l’organisme, quand on a préalablement séparé les nerfs périphériques des centres nerveux[1]. Quand on aura ainsi analysé les phénomènes physico-chimiques propres à chaque tissu, à chaque organe, alors seulement on pourra essayer de comprendre l’ensemble de la nutrition et de faire une statique chimique fondée sur une base solide, c’est-à-dire sur l’étude de faits physiologiques précis, complets et comparables.

Une autre forme d’application très fréquente des mathématiques à la biologie se trouve dans l’usage des moyennes ou dans l’emploi de la statistique qui, en médecine et en physiologie, conduisent pour ainsi dire nécessairement à l’erreur. Il y a sans doute plusieurs raisons pour cela ; mais le plus grand écueil de l’application du calcul aux phénomènes physiologiques, est toujours au fond leur trop grande complexité qui les empêche d’être définis et suffisamment comparables entre eux. L’emploi des moyennes en physiologie et en médecine ne donne le plus souvent qu’une fausse précision aux résultats en détruisant le caractère biologique des phénomènes. On pourrait distinguer, à notre point de vue, plusieurs espèces de moyennes : les moyennes physiques, les moyennes chimiques et les moyennes physiologiques ou pathologiques. Si l’on observe, par exemple, le nombre des pulsations et l’intensité de la pression sanguine par les oscillations d’un instrument

  1. Claude Bernard, Sur le changement de couleur du sang dans l’état de fonction et de repos des glandes. — Analyse du sang des muscles au repos et en contraction. Leçons sur les liquides de l’organisme. Paris, 1859.