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applications de la méthode expérimentale.

tique. Je ne savais à quoi rapporter cette singulière variation obtenue avec le même foie et le même procédé d’analyse. Que fallait-il faire ? Fallait-il considérer ces deux dosages si discordants comme une mauvaise expérience et ne pas en tenir compte ? Fallait-il prendre une moyenne entre les deux expériences ? C’est un expédient que plusieurs expérimentateurs auraient pu choisir pour se tirer d’embarras. Mais je n’approuve pas cette manière d’agir par des raisons que j’ai données ailleurs. J’ai dit, en effet, qu’il ne faut jamais rien négliger dans l’observation des faits, et je regarde comme une règle indispensable de critique expérimentale (p. 299) de ne jamais admettre sans preuve l’existence d’une cause d’erreur dans une expérience, et de chercher toujours à se rendre raison de toutes les circonstances anormales qu’on observe. Il n’y a rien d’accidentel, et ce qui pour nous est accident n’est qu’un fait inconnu qui peut devenir, si on l’explique, l’occasion d’une découverte plus ou moins importante. C’est ce qui m’est arrivé dans ce cas.

Je voulus savoir en effet quelle était la raison qui m’avait fait trouver deux nombres si différents dans le dosage du foie de mon lapin. Après m’être assuré qu’il n’y avait pas d’erreur tenant au procédé de dosage, après avoir constaté que les diverses parties du foie sont sensiblement toutes également riches en sucre, il ne me resta plus à examiner que l’influence du temps qui s’était écoulé depuis la mort de l’animal jusqu’au moment de mon deuxième dosage. Jusqu’alors, sans y attacher aucune importance, j’avais fait mes expé-