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exemples d’investigation expérimentale, etc.

riences quelques heures après la mort de l’animal, et, pour la première fois, je m’étais trouvé dans le cas de faire immédiatement un dosage quelques minutes après la mort et de renvoyer l’autre au lendemain, c’est-à-dire vingt-quatre heures après. En physiologie, les questions de temps ont toujours une grande importance, parce que la matière organique éprouve des modifications nombreuses et incessantes. Il pouvait donc s’être produit quelque modification chimique dans le tissu hépatique. Pour m’en assurer, je fis une série de nouvelles expériences, qui dissipèrent toutes les obscurités en me montrant que le tissu du foie va constamment en s’enrichissant en sucre pendant un certain temps après la mort. De sorte qu’on peut avoir des quantités de sucre très variables, suivant le moment dans lequel on fait son examen. Je fus donc ainsi amené à rectifier mes anciens dosages et à découvrir ce fait nouveau, à savoir, que des quantités considérables de sucre se produisent dans le foie des animaux après la mort. Je montrai, par exemple, qu’en faisant passer dans un foie encore chaud et aussitôt après la mort de l’animal un courant d’eau froide injecté avec force par les vaisseaux hépatiques, on débarrasse complètement le tissu hépatique du sucre qu’il contient ; mais le lendemain ou quelques heures après, quand on place le foie lavé à une douce température, on trouve son tissu de nouveau chargé d’une grande quantité de sucre qui s’est produit depuis le lavage[1].

  1. Claude Bernard, Sur le mécanisme de la formation du sucre dans