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applications de la méthode expérimentale.

que l’on n’est pas assez pénétré de ce principe, que chaque fait ayant son déterminisme, un fait négatif ne prouve rien et ne saurait jamais détruire un fait positif. Pour prouver ce que j’avance, je citerai les critiques que M. Longet a faites autrefois des expériences de Magendie. Je choisirai cet exemple, d’une part, parce qu’il est très instructif, et d’autre part, parce que je m’y suis trouvé mêlé et que j’en connais exactement toutes les circonstances. Je commencerai par les critiques de M. Longet relatives aux expériences de Magendie sur les propriétés de la sensibilité récurrente des racines rachidiennes antérieures[1]. La première chose que M. Longet reproche à Magendie, c’est d’avoir varié d’opinion sur la sensibilité des racines antérieures, et d’avoir dit en 1822 que les racines antérieures sont à peine sensibles, et en 1839 qu’elles sont très sensibles, etc. À la suite de ces critiques, M. Longet s’écrie : « La vérité est une ; que le lecteur choisisse, s’il l’ose, au milieu de ces assertions contradictoires opposées du même auteur (loc. cit., p. 22). Enfin, ajoute M. Longet, M. Magendie aurait dû au moins nous dire, pour nous tirer d’embarras, lesquelles de ses expériences il a convenablement faites, celles de 1822 ou celles de 1839 » (loc. cit., p. 23).

Toutes ces critiques sont mal fondées et manquent complètement

  1. F. A. Longet, Recherches cliniques et expérimentales sur les fonctions des faisceaux de la moelle épinière et des racines des nerfs rachidiens, précédées d’un Examen historique et critique des expériences faites sur ces organes depuis sir Ch. Bell, et suivies d’autres recherches sur diverses parties du système nerveux (Archives générales de médecine, 1841, 3e série, t. X, p. 296, et t. XI, p. 129).