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exemples de critique expérimentale physiologique.

complétement aux règles de la critique scientifique expérimentale. En effet, si Magendie a dit en 1822 que les racines antérieures étaient insensibles, c’est évidemment qu’il les avait trouvées insensibles ; s’il a dit ensuite en 1839 que les racines antérieures étaient très sensibles, c’est qu’alors il les avait trouvées très sensibles. Il n’y a pas à choisir, comme le croit M. Longet, entre ces deux résultats ; il faut les admettre tous deux, mais seulement les expliquer et les déterminer dans leurs conditions respectives. Quand M. Longet s’écrie : La vérité est une…, cela voudrait-il dire que, si l’un des deux résultats est vrai, l’autre doit être faux ? Pas du tout ; ils sont vrais tous deux, à moins de dire que dans un cas Magendie a menti, ce qui n’est certainement pas dans la pensée du critique. Mais, en vertu du principe scientifique du déterminisme des phénomènes, nous devons affirmer à priori d’une manière absolue qu’en 1822 et en 1839, Magendie n’a pas vu le phénomène dans des conditions identiques, et ce sont précisément ces différences de conditions qu’il faut chercher à déterminer afin de faire concorder les deux résultats et de trouver ainsi la cause de la variation du phénomène. Tout ce que M. Longet aurait pu reprocher à Magendie, c’était de ne pas avoir cherché lui-même la raison de la différence des deux résultats ; mais la critique d’exclusion que M. Longet applique aux expériences de Magendie est fausse et en désaccord, ainsi que nous l’avons dit, avec les principes de la critique expérimentale.

On ne saurait douter qu’il s’agisse dans ce qui pré-