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exemples de critique expérimentale physiologique.

négation de la science expérimentale, comme semblent le croire certains médecins, ce n’en est que le premier état. Il faut ajouter même que l’empirisme ne disparaît jamais complètement d’aucune science. Les sciences, en effet, ne s’illuminent pas dans toutes leurs parties à la fois ; elles ne se développent que successivement. En physique et en chimie, il est des parties où l’empirisme existe encore ; ce qui le prouve, c’est que tous les jours on y fait des découvertes par hasard, c’est-à-dire imprévues par les théories régnantes. Je conclurai donc que dans les sciences on ne fait des découvertes que parce que toutes ont encore des parties obscures. En médecine, les découvertes à faire sont plus nombreuses, car l’empirisme et l’obscurité règnent presque partout. Cela prouve que cette science si complexe est plus arriérée que d’autres, mais voilà tout.

Les observations médicales nouvelles se font généralement par hasard ; si un malade porteur d’une affection jusqu’alors inconnue entre dans un hôpital ou vient consulter un médecin, c’est bien par hasard que le médecin rencontre ce malade. Mais c’est exactement de la même manière qu’un botaniste rencontre dans la campagne une plante qu’il ne connaissait pas, et c’est aussi par hasard qu’un astronome aperçoit dans le ciel une planète dont il ignorait l’existence. Dans ces circonstances, l’initiative du médecin consiste à voir et à ne pas laisser échapper le fait que le hasard lui a offert et son mérite se réduit à l’observer avec exactitude. Je ne puis entrer ici dans l’examen des caractères que doit avoir une bonne observation médicale. Il serait égale-