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applications de la méthode expérimentale.

ment fastidieux de rapporter des exemples d’observations médicales faites par hasard ; elles fourmillent dans les ouvrages de médecine et tout le monde en connaît. Je me bornerai donc à dire d’une manière générale que, pour faire une bonne observation médicale, il est non seulement nécessaire d’avoir l’esprit d’observation, mais il faut de plus être physiologiste. On interprétera mieux les significations diverses d’un phénomène morbide, on lui donnera sa valeur réelle et on ne tombera point dans l’inconvénient que Sydenham reprochait à certains médecins de mettre des phénomènes importants d’une maladie sur le même plan que d’autres phénomènes insignifiants et accidentels, comme un botaniste qui décrirait les morsures de chenilles au nombre des caractères d’une plante[1]. Il faut apporter du reste dans l’observation d’un phénomène pathologique, c’est-à-dire d’une maladie, exactement les mêmes conditions d’esprit et la même rigueur que dans l’observation d’un phénomène physiologique. Il ne faut jamais aller au-delà du fait et être en quelque sorte le photographe de la nature.

Mais une fois l’observation médicale bien posée, elle devient, comme en physiologie, le point de départ d’idées ou d’hypothèses que le médecin expérimentateur est conduit à vérifier par de nouvelles observations faites sur les malades ou par des expérimentations instituées sur les animaux.

Nous avons dit qu’il arrive souvent qu’en faisant une

  1. Sydenham, Médecine pratique. Préface, p. 12.