Page:Bernard - Introduction à l’étude de la médecine expérimentale, Baillière, 1865.djvu/365

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
359
obstacles que rencontre la méd. expérimentale.

les jeunes médecins prendront, par cette étude, des habitudes scientifiques qu’ils porteront ensuite dans l’investigation pathologique et thérapeutique. Le désir que j’exprime ici répondrait à peu près à la pensée de Laplace, à qui on demandait pourquoi il avait proposé de mettre des médecins à l’Académie des sciences puisque la médecine n’est pas une science : « C’est, répondit-il, afin qu’ils se trouvent avec des savants. »

§ III. — La médecine empirique et la médecine expérimentale ne sont point incompatibles ; elles doivent être au contraire inséparables l’une de l’autre.

Il y a bien longtemps que l’on dit et que l’on répète que les médecins physiologistes les plus savants sont les plus mauvais médecins et qu’ils sont les plus embarrassés quand il faut agir au lit du malade. Cela voudrait-il dire que la science physiologique nuit à la pratique médicale ? Et dans ce cas, je me serais placé à un point de vue complètement faux. Il importe donc d’examiner avec soin cette opinion qui est le thème favori de beaucoup de médecins praticiens et que je considère pour mon compte comme entièrement erronée et comme étant toujours éminemment nuisible au développement de la médecine expérimentale.

D’abord considérons que la pratique médicale est une chose extrêmement complexe dans laquelle interviennent une foule de questions d’ordre social et extra-scientifiques. Dans la médecine pratique vétérinaire elle-même, il arrive souvent que la thérapeutique se trouve dominée par des questions d’intérêt ou