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applications de la méthode expérimentale.

d’agriculture. Je me souviens d’avoir fait partie d’une commission dans laquelle il s’agissait d’examiner ce qu’il y avait à faire pour prévenir les ravages de certaines épizooties de bêtes à cornes. Chacun se livrait à des considérations physiologiques et pathologiques dans le but d’établir un traitement convenable pour obtenir la guérison des animaux malades, lorsqu’un vétérinaire praticien prit la parole pour dire que la question n’était pas là, et il prouva clairement qu’un traitement qui guérirait serait la ruine de l’agriculteur, et que ce qu’il y avait de mieux à faire, c’était d’abattre les animaux malades en en tirant le meilleur parti possible. Dans la médecine humaine, il n’intervient jamais de considérations de ce genre, parce que la conservation de la vie de l’homme doit être le seul but de la médecine. Mais cependant le médecin se trouve souvent obligé de tenir compte, dans son traitement, de ce qu’on appelle l’influence du moral sur le physique, et par conséquent d’une foule de considérations de famille ou de position sociale qui n’ont rien à faire avec la science. C’est ce qui fait qu’un médecin praticien accompli doit non seulement être un homme très instruit dans sa science, mais il doit encore être un homme honnête, doué de beaucoup d’esprit, de tact et de bon sens. L’influence du médecin praticien trouve à s’exercer dans tous les rangs de la société. Le médecin est, dans une foule de cas, le dépositaire des intérêts de l’État, dans les grandes opérations d’administration publique ; il est en même temps le confident des familles et tient souvent entre ses mains leur honneur et leurs intérêts les plus chers. Les prati-