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obstacles que rencontre la méd. expérimentale.

morrhagie et la vie sera sauvée. De même, quand un malade aura un accès de fièvre pernicieuse, il faut agir contrairement à la nature et arrêter la fièvre si l’on veut guérir son malade. L’empirique peut donc sauver un malade que l’expectation aurait laissé mourir, de même que l’expectation aura pu permettre la guérison d’un malade que l’empirique aurait tué. De sorte que l’empirisme est aussi une méthode insuffisante de traitement en ce qu’elle est incertaine et souvent dangereuse. Or la médecine expérimentale n’est que la réunion de l’expectation et de l’empirisme éclairés par le raisonnement et par l’expérimentation. Mais la médecine expérimentale ne peut arriver que la dernière et c’est alors seulement que la médecine est devenue scientifique. Nous allons voir, en effet, que toutes les connaissances médicales se recommandent et sont nécessairement subordonnées les unes aux autres dans leur évolution.

Quand un médecin est appelé auprès d’un malade, il doit faire successivement le diagnostic, le pronostic et le traitement de la maladie. Le diagnostic n’a pu s’établir que par l’observation ; le médecin qui reconnaît une maladie ne fait que la rattacher à l’une des formes de maladies déjà observées, connues et décrites. La marche et le pronostic de la maladie sont également donnés par l’observation ; le médecin doit savoir l’évolution de la maladie, sa durée, sa gravité afin d’en prédire le cours et l’issue. Ici la statistique intervient pour guider le médecin, parce qu’elle apprend la proportion de cas mortels ; et si de plus l’observation a montré que les cas heureux ou malheureux sont reconnaissables à certains