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du raisonnement expérimental.

fois trouvés, sont acceptés par l’esprit comme des vérités absolues, c’est-à-dire indépendantes de la réalité. On conçoit dès lors que toutes les déductions logiques d’un raisonnement mathématique soient aussi certaines que leur principe et qu’elles n’aient pas besoin d’être vérifiées par l’expérience. Ce serait vouloir mettre les sens au-dessus de la raison, et il serait absurde de chercher à prouver ce qui est vrai absolument pour l’esprit et ce qu’il ne pourrait concevoir autrement.

Mais quand, au lieu de s’exercer sur des rapports subjectifs dont son esprit a créé les conditions, l’homme veut connaître les rapports objectifs de la nature qu’il n’a pas créés, immédiatement le critérium intérieur et conscient lui fait défaut. Il a toujours la conscience, sans doute, que dans le monde objectif ou extérieur, la vérité est également constituée par des rapports nécessaires, mais la connaissance des conditions de ces rapports lui manque. Il faudrait, en effet, qu’il eût créé ces conditions pour en posséder la connaissance et la conception absolues.

Toutefois l’homme doit croire que les rapports objectifs des phénomènes du monde extérieur pourraient acquérir la certitude des vérités subjectives s’ils étaient réduits à un état de simplicité que son esprit pût embrasser complètement. C’est ainsi que dans l’étude des phénomènes les plus simples, la science expérimentale a saisi certains rapports qui paraissent absolus. Telles sont les propositions qui servent de principes à la mécanique rationnelle et à quelques branches de la physique mathématique. Dans ces sciences, en