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de l’idée à priori et du doute.

raison, la raison à son tour doit être guidée par l’expérience.

§ I. — Les vérités expérimentales sont objectives ou extérieures.

La méthode expérimentale ne se rapporte qu’à la recherche des vérités objectives, et non à celle des vérités subjectives.

De même que dans le corps de l’homme il y a deux ordres de fonctions, les unes qui sont conscientes et les autres qui ne le sont pas, de même dans son esprit il y a deux ordres de vérités ou de notions, les unes conscientes, intérieures ou subjectives, les autres inconscientes, extérieures ou objectives. Les vérités subjectives sont celles qui découlent de principes dont l’esprit a conscience et qui apportent en lui le sentiment d’une évidence absolue et nécessaire. En effet, les plus grandes vérités ne sont au fond qu’un sentiment de notre esprit ; c’est ce qu’a voulu dire Descartes dans son fameux aphorisme.

Nous avons dit, d’un autre côté, que l’homme ne connaîtrait jamais ni les causes premières ni l’essence des choses. Dès lors la vérité n’apparaît jamais à son esprit que sous la forme d’une relation ou d’un rapport absolu et nécessaire. Mais ce rapport ne peut être absolu qu’autant que les conditions en sont simples et subjectives, c’est-à-dire que l’esprit a la conscience qu’il les connaît toutes. Les mathématiques représentent les rapports des choses dans les conditions d’une simplicité idéale. Il en résulte que ces principes ou rapports, une