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de l’idée à priori et du doute.

que qui seul peut l’instruire et lui donner l’expérience. Le naturaliste qui observe des animaux dont il veut connaître les mœurs et les habitudes, le physiologiste et le médecin qui veulent étudier les fonctions cachées des Corps vivants, le physicien et le chimiste qui déterminent les phénomènes de la matière brute ; tous sont dans le même cas, ils ont devant eux des manifestations qu’ils ne peuvent interpréter qu’à l’aide du critérium expérimental, le seul dont nous ayons à nous occuper ici.

§ II. — L’intuition ou le sentiment engendre l’idée expérimentale.

Nous avons dit plus haut que la méthode expérimentale s’appuie successivement sur le sentiment, la raison et l’expérience.

Le sentiment engendre l’idée ou l’hypothèse expérimentale, c’est-à-dire l’interprétation anticipée des phénomènes de la nature. Toute l’initiative expérimentale est dans l’idée, car c’est elle qui provoque l’expérience. La raison ou le raisonnement ne servent qu’à déduire les conséquences de cette idée et à les soumettre à l’expérience.

Une idée anticipée ou une hypothèse est donc le point de départ nécessaire de tout raisonnement expérimental. Sans cela on ne saurait faire aucune investigation ni s’instruire ; on ne pourrait qu’entasser des observations stériles. Si l’on expérimentait sans idée préconçue, on irait à l’aventure ; mais d’un autre côté, ainsi que nous l’avons dit ailleurs, si l’on observait avec