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de l’idée à priori et du doute.

pudie l’autorité, il donne des préceptes bien plus pratiques pour l’expérimentateur que ceux que donne Bacon pour l’induction. Nous avons vu, en effet, que c’est le doute seul qui provoque l’expérience ; c’est le doute enfin qui détermine la forme du raisonnement expérimental.

Toutefois, quand il s’agit de la médecine et des sciences physiologiques, il importe de bien déterminer sur quel point doit porter le doute, afin de le distinguer du scepticisme et de montrer comment le doute scientifique devient un élément de plus grande certitude. Le sceptique est celui qui ne croit pas à la science et qui croit à lui-même ; il croit assez en lui pour oser nier la science et affirmer qu’elle n’est pas soumise à des lois fixes et déterminées. Le douteur est le vrai savant ; il ne doute que de lui-même et de ses interprétations, mais il croit à la science ; il admet même dans les sciences expérimentales un critérium ou un principe scientifique absolu. Ce principe est le déterminisme des phénomènes, qui est absolu aussi bien dans les phénomènes des corps vivants que dans ceux des corps bruts ainsi que nous le dirons plus tard (p. 114).

Enfin, comme conclusion de ce paragraphe nous pouvons dire que, dans tout raisonnement expérimental, il y a deux cas possibles : ou bien l’hypothèse de l’expérimentateur sera infirmée, ou bien elle sera confirmée par l’expérience. Quand l’expérience infirme l’idée préconçue, l’expérimentateur doit rejeter ou modifier son idée. Mais lors même que l’expérience confirme pleinement l’idée préconçue, l’expérimentateur