Page:Bernard - Laodamie, reine d’Épire.djvu/63

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Ce n’eſt plus l’amitié que votre cœur écoute,
Une autre paſſion la détruit aujourd’hui ;
Et mon fidele amour dont vous êtes l’appui,
Ne ſera plus pour vous qu’un ſujet de colere :
L’excès de ma douleur peut même vous déplaire.
Ces pleurs qu’à vos regards je ne ſçaurois cacher,
Vous vont peut-être aigrir au lieu de vous toucher.
Hélas ! quels ſentimens aurons-nous l’une & l’autre ?
Vous troublez mon bonheur, je dois craindre le vôtre.

LA REINE.

Je n’en eſpere point, ma Sœur, ſéchez vos pleurs.

LA PRINCESSE.

Vous aimez, vous regnez, je prévois mes malheurs ;
De grace tirez-moi de cette peine extrême,
Dites ſi vous l’aimez, Madame, & s’il vous aime ;
Vous voyez votre Sœur tombante à vos genoux.

LA REINE.

Que faites-vous hélas ! Princeſſe, levez-vous.
Je ſuis une perfide, une injuſte, une ingrate ;
Donnez-moi tous ces noms, ſi leur horreur vous flate ;