Page:Bernard - Laodamie, reine d’Épire.djvu/64

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Oui, j’aime votre Amant, j’ai pû les mériter ;
Mais cet amour encor ne m’a rien fait tenter.
Gelon ſçut m’inſpirer la plus fatale flâme
Qui peut-être jamais s’alluma dans une ame.
Malgré tout cet amour vous alliez l’épouſer,
Mais le ſort autrement paroît en diſpoſer.
Attale eſt mort, le Peuple a déja fait connoître
Le beſoin qu’il reſſent de l’avoir pour ſon Maitre,
Et je dois oppoſer à nos fiers ennemis
Un Roi de qui le bras ait les deſtins amis.
Bien plus par ces raiſons que par ma propre eſtime,
J’ai voulu l’engager, & voilà tout mon crime.
Mais il faut l’avoüer, rien n’ébranle ſa foi,
Il mépriſe pour vous la gloire d’être Roi.
Sur ſa foi cependant vous êtes alarmée ;
Raſſurez-vous, ma Sœur, vous êtes trop aimée.

LA PRINCESSE.

Un tel excès d’amour a de quoi me charmer,
Je ne m’aſſurois pas qu’il pût ſi bien aimer ;
Mais hélas ! vous l’aimez, que me ſert ſa tendreſſe ?
Madame, de mon ſort vous êtes la maîtreſſe.

LA REINE.

Je vous l’ai déja dit, ce n’eſt point mon amour,