Il y avait six jours que nous avions quitté Paris ; et il me fallait encore une vingtaine d’heures pour atteindre Hombourg, car à cette époque les trains marchaient moins vite qu’aujourd’hui.
Je pris le train pour Bruxelles, où je comptais acheter une malle et quelques effets nécessaires. Du Cateau à Bruxelles, le voyage fut sans encombre. Nous pûmes reprendre le train le soir même.
J’avais remonté notre garde-robe, laquelle en avait grand besoin. Le voyage s’effectua sans trop d’accrocs jusqu’à Cologne. Mais, arrivées dans cette ville, nous eûmes une cruelle déception.
Le train venait d’entrer en gare et un employé passait vivement devant les voitures criant je ne sais quoi en allemand. Tout le monde avait l’air pressé : hommes et femmes se bousculaient, sans courtoisie. J’avisai un employé et lui montrai nos billets. Il prit complaisamment ma valise et précipita son pas vers la foule. Nous le suivîmes. Je ne compris cet affolement que lorsque l’homme jeta ma valise dans un compartiment, me faisant signe de monter vite, vite.
Mlle Chesneau avait déjà enjambé le marchepied, quand elle fut écartée violemment par un employé qui ferma la portière, et, avant que j’eusse l’entière connaissance du fait exact, le train avait disparu. Ma valise était partie et notre malle placée dans un fourgon qu’on détachait du train arrivant, pour l’attacher tel quel au train express partant aussi.
Je me mis à pleurer de rage. Un employé eut pitié de nous et nous conduisit au chef de gare.
C’était un homme très distingué, parlant assez bien français. Il avait l’air bon et pitoyable. Je m’étais affalée dans son grand fauteuil de cuir et lui