Page:Bernier - Au large de l'écueil, 1912.djvu/185

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
183
au large de l’écueil

— Ce n’est pas de la peine, je vous l’assure…

— Qu’est-ce donc alors ?…

— Si peu de chose, mère…

— Tu ne m’as pas encore regardé bien droit devant toi, selon ta charmante habitude… Pourquoi as-tu peur de me regarder ? Ouvre tes yeux bien francs dans les miens, et je croirai que ce n’est rien, ta songerie profonde…

— Les voici, mes yeux…

— Oh ! mon fils, tu me caches quelque chose, et c’est grave, douloureux même… Je t’interrogeais avec la secrète espérance d’avoir mal vu, mal pensé… Mon pressentiment n’a pas erré, tu souffres cruellement… Il faut que tu parles, vois-tu, je souffre déjà plus que toi !…

— Eh bien, oui, je souffre atrocement ! s’écria Jules, n’en pouvant plus de mensonges.

— Pauvre enfant !… Mais c’est d’hier, d’aujourd’hui, n’est-ce pas ? Tu me l’aurais dit !… Il n’y eut jamais de mystère entre nous…

— Depuis si longtemps, mère, depuis quinze jours…

— Depuis deux semaines, et je ne le sais pas encore ! lui reproche-t-elle, étonnée.