Page:Bernier - Au large de l'écueil, 1912.djvu/186

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
184
au large de l’écueil

— Je devais ne pas vous le dire…

— Je m’en veux de la pensée horrible qui m’a traversé l’esprit !… Il ne peut s’agir de honte !

— Il s’agit de mon cœur, avoue Jules, confus.

— Tu aimes ! s’écrie la mère. Cela devait venir et cela devait t’assommer, te prendre tout entier… Comment pouvais-je le prévoir ? C’est la première fois que tu me parles de cette femme…

— Je vous le redis, je devais ne pas vous en parler…

— J’oubliais… Mais pourquoi ?… Est-ce un crime de l’aimer ?…

— À quoi vous servirait-il de la connaître ?… Elle partira bientôt, je ne la reverrai plus jamais…

— Avec quelle tristesse il a dit cela !… Pauvre enfant, va !… Mais je comprends, ajoute la mère, dont une lueur soudaine éclaire la mémoire. C’est la Française du paquebot !… J’y ai songé quelquefois, elle m’intriguait un peu, je voulais te demander ce qu’elle était devenue… Tu ne m’en parlais pas, je pensai qu’elle avait bientôt quitté la ville et que tu ne l’avais pas revue…

— Je la revis tous les jours…