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au large de l’écueil

— Et alors, interrompit la mère, dont les yeux s’agrandissaient d’étonnement, tu nous as trompés tous ici !… Tu disais que tu renouais les amitiés anciennes, alors que cette femme s’emparait de ton âme… Elle s’en va, tu n’oses lui faire l’aveu suprême, et la séparation te fait mal… Je ne t’en veux pas, tu n’es pas le premier fils à qui l’amour enseigne le premier mensonge à sa mère… Pourquoi ne pas m’avoir parlé d’elle ?… Je l’aurais aimée, moi aussi… Tiens, je sens que je l’aime… Raconte-moi tout, je t’apprendrai ce qu’il faut lui dire… Je ne veux pas qu’elle laisse dans ton cœur la souffrance atroce dont la plainte m’a percée comme une lame aiguë

— Vous me pardonnez de ne pas avoir eu confiance en vous… Si vous saviez tout, votre pardon serait moins facile peut-être… Je voudrais bien qu’il n’y eût que cela, je saurais bien ce qu’il faut lui dire, il me semble que cela déborderait comme un torrent. J’ai tant de peine à refouler les mots d’amour qui me viennent, quand elle est près de moi !…

— Quelque chose t’arrête alors… Il y a un obstacle entre vous… Tu as peur de la nostalgie qui la rongerait ? Elle aime tellement la