Page:Bernier - Ce que disait la flamme, 1913.djvu/146

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

son… Viens, maman, viens prendre des forces pour le sauver !

— Lâche-moi ! tu m’étouffes ! dit Germaine, violemment.

Lucile relâche un peu l’étreinte et, plus douce, murmure :

— Ce n’est pas moi qui t’étouffe, c’est la peine.

— Cela me fait du bien de me décharger le cœur.

— Tu vois bien que c’est de la fatigue… tu es à la veille de tomber… viens dormir, avant que les garçons reviennent !

— Dormir, quand il peut « passer » d’une minute à l’autre ? s’écrie Germaine, avec une détermination sauvage.

— Je te promets que non ! le docteur l’aurait dit…

— Ils sont si hypocrites ! Est-il venu, ton docteur Fontaine, le fils du patron ? Sa bonne figure ! Si tu penses qu’on peut s’y fier… ils sont tous pareils !

Interdite, parce qu’une oppression lui fait battre sourdement le cœur, la jeune fille assure avec moins de fermeté :

— Il viendra…

— Qu’il vienne ou qu’il ne vienne pas, ça m’est bien égal ! C’est un jeune, et un jeune, ça ne vaut pas la peine d’en parler.