Page:Bernier - Ce que disait la flamme, 1913.djvu/24

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
13
CE QUE DISAIT LA FLAMME…

ne ! » L’homme du monde se ressaisit. Ne serait-ce pas du sentimentalisme outré, naïf même, que de révéler à cette enfant du peuple toute la sympathie qu’elle agite au fond de lui-même ? N’a-t-il pas été suffisamment généreux pour elle ? La consolation devient aisément fade, si elle se prolonge : cette excuse le rassure, étouffe un remords passager d’avoir eu honte. Quel élan impérieux l’avait ainsi poussé vers la timide ouvrière ? Il s’étonne d’y avoir si peu résisté, de s’être laissé attendrir avec un abandon presque nécessaire ? Une femme qui souffre, la plus humble, la plus laide, amollit toujours un vrai cœur d’homme, oui, c’est bien cela ! Et la jeune fille est tellement jolie, soumise et silencieuse, lui faisant sa confidence d’amertume.

Consciente que l’entrevue doit se clore, elle dit bientôt :

— Je vous demande pardon, Monsieur Fontaine. Je n’aurais pas dû comme ça, presque pleurer. C’est un peu votre faute… Quand je pense qu’il peut mourir, c’est plus fort que moi, le cœur me tourne de chagrin. Je n’oublierai pas vos bonnes paroles : si vous saviez comme je vous en remercie !

— Je suis déjà récompensée, Mademoiselle, puisque j’ai votre gratitude…

— Bonjour, Monsieur Fontaine !…