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CE QUE DISAIT LA FLAMME…

— C’est impossible…

— Je ne vous reconnais plus… Je me demande si je ne vous connais vraiment que depuis le jour où vous fûtes soudain taquine et acerbe.

— Oh ! Lucien ! protesta-t-elle.

— N’est-ce pas mon droit ?

— Vous n’avez pas le droit de me faire souffrir !

— Le soupçon n’est-il pas de la torture ?

— De quoi me soupçonnez-vous, je vous en prie ? s’écria la jeune fille, à la fois combative et angoissée.

— De… d’être… je ne sais comment…

— N’avez-vous pas la preuve qu’il est des choses pénibles à dire ?

— C’est possible, toutefois…

— Pourquoi, au lieu de parler, balbutiez-vous ?

— J’attends, pour le dire ou ne pas le dire, que vous vous soyez expliquée.

— Le doute existe, c’est lui qui blesse !

— Vous m’y forcez, Yvonne !

— C’est vrai, Lucien, il faut que je vous parle. C’est très sérieux, j’ai eu de l’inquiétude, de longues heures songeuses, énervantes. Je croyais m’être préparée à vous ouvrir mon âme, il me semble que je ne le suis plus du tout. Soyez indulgent, j’ignore par quoi il faut débuter, comment tout paraîtra naturel et intéressant. Une impression étrange m’émeut : comme tout cela