Page:Bernier - Ce que disait la flamme, 1913.djvu/50

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Lucien Desloges, celui que j’aime. Et Lucien ne se préoccupe guère d’habiter les nuages ! dit-elle, à brûle-pourpoint, croyant qu’il vaut mieux brusquer la confidence et ne pas justifier, par un plaidoyer préliminaire, les reproches que d’ailleurs elle se sent l’énergie de braver.

— Lucien Desloges ! Tu aimes et c’est lui ! s’écrie Jean, et son visage se contracte d’une pâleur soudaine.

— Oui, j’aime ! Tu avais bien deviné tout-à-l’heure…

— Tu aimes ! et je n’en savais rien…

Il y a un chagrin, si réel et si frémissant dans la manière dont il a dit cela, qu’Yvonne cède au besoin d’une excuse.

— Oh ! pardonne-moi, il y a si peu longtemps que je le sais moi-même !

— Mais il y a des mois que ce Lucien Desloges te poursuit, te harcèle !

— Je ne veux pas te mentir, je n’ignorais pas qu’il me faisait la cour.

— Alors, ma petite Yvonne ?…

— Je le laissais faire, tout simplement, je croyais ne rien lui donner de moi-même…

— Et tu lui as tout donné ?

— Je l’aime ! affirme-t-elle, orgueilleuse de son amour et provocante.

C’est comme si le silence, tout-à-coup, élevait