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JEAN-ARTHUR RIMBAUD

de satisfaction éclaire bientôt sa figure. Il n’a pas terminé son examen que, radieux, il s’écrie « Nous aurons le prix ! Nous l’aurons, j’en suis certain ! » Et il se met à lire à haute voix, triomphalement, le travail du jeune poète. Ici, nous laisserons place au texte même de M. l’abbé Morigny :

« Rimbaud faisait en vers bien frappés et bien sonores le portrait de l’Émir. Il débutait par un beau distique qui reparaissait après chaque strophe de douze vers et servait de refrain. Je m’en souviendrai toute ma vie, de ce distique, et je ne résiste pas au plaisir de le transcrire ici :


Nascitur Arabis ingens in collibus infans
Et dixit levis aura Nepos est ille Jugurthæ
.


« Et l’on revivait avec le poète cette époque où le fameux Numide tenait en échec les armes et la politique romaines ; on le voyait aux prises avec Marius, vaincu ensuite par ce grand capitaine et enfin indignement trahi, livré par Bocchus. On assistait à ses derniers moments dans le Tullianum et l’on maudissait avec lui la fortune de Rome. Mais le sujet grandissait avec l’évocation de cette autre figure non moins remarquable, celle d’Abd-el-Kader. Combien son sort était différent ! L’émir luttait lui aussi pour