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JEAN-ARTHUR RIMBAUD


MÉMOIRE



I



L’eau claire comme le sel des larmes d’enfance
L’assaut au soleil des blancheurs des corps de femmes ;
La soie, en foule et de lys pur, des oriflammes
Sous les murs dont quelque pucelle eut la défense ;

L’ébat des anges ; — non… le courant d’or en marche
Meut ses bras, noirs et lourds et frais surtout, d’herbe. Elle,
Sombre, avant le Ciel bleu pour ciel de lit, appelle
Pour rideaux l’ombre de la colline et de l’arche,

II



Eh ! l’humide carreau tend ses bouillons limpides ;
L’eau meuble d’or pâle et sans fond les couches prêtes ;
Les robes vertes et déteintes des fillettes
Font les saules, d’où sautent les oiseaux sans brides.

Plus pure qu’un louis, jaune et chaude paupière
Le souci d’eau — ta foi conjugale, ô l’Épouse ! —
Au midi prompt, de son terne miroir, jalouse
Au ciel gris de chaleur la Sphère rose et chère.

III



Madame se tient trop debout dans la prairie
Prochaine où neigent les fils du travail ; l’ombrelle
Aux doigts foulant l’ombelle trop fière pour elle
Des enfants lisant dans la verdure fleurie