Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/204

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Qu’il me falloit oser : que pour longuement vivre,
Il falloit longuement mourir dessus le livre :
Et que j’aurois du nom, si sans estre estonné
Je l’allois poursuivant d’un labeur obstiné.
Vueillent les cieux amis, ô l’honneur de nostre âge,
Rendre l’evenement conforme à ton presage :
Et ne permettent point que j’aye acquis en vain
L’heur d’avoir veu ta face, et touché dans ta main.
Cependant prens en gré, si rien de nous t’agree,
Ces pleurs qu’au lieu de fleurs, ou qu’au lieu d’eau sacree,
Avec toute la France atteins d’un juste dueil,
Nous versons sur ta tombe et de l’ame et de l’oeil.
Pleurs que ton cher Binet en souspirant ramasse,
Puis les meslant aux siens en de l’or les enchasse,
Et dolent les consacre à l’immortalité,
Pour estre un jour tesmoins de nostre pieté :
Et pour faire paroistre à ceux du dernier âge,
Que nous avons au moins cogneu nostre dommage :
Et que nous l’avons plaint autant que nous pouvions,
Ne pouvant pas le plaindre autant que nous devions.

DISCOURS FUNEBRE MORT DE LYSIS

Les ombres de la nuict qui suivit la journee
Où le vaillant Lysis finit sa destinee,
Couvroient