Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/269

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Où maintenant il vit, si de son corps delivre
Jamais belle ame et sainte y merita de vivre.
Or toy qui plains sa mort, ne sois point estonné
D’avoir veu ce beau jour à midy terminé :
Ainsi le veut la loy prescrite à la nature :
Tousjours le plus beau temps est celuy qui moins dure :
Mais les fleurs de vertu regnent plus d’un printemps,
Et ceux qui vivent bien vivent assez long temps.

TRESPAS M. DE MOUCHY LE JEUNE

Un courage trop grand, une trop grande injure,
Un genereux desdain bravant trop le malheur,
Fist que Mouchy Le Jeune en sa premiere fleur
Enferma ses beaux ans dans ceste sepulture.
Passant, ne t’enquiers point quelle en fut l’avanture,
Ne renouvelle point nostre antique douleur :
C’est assez de sçavoir que sa propre valeur,
Et non son adversaire en priva la nature.
Ils cheurent tous deux morts sur la terre estenduz,
Mais l’autre et de souspirs et de pleurs espanduz
Impetra de Pluton qu’il revist la lumiere :
Où luy trop courageux qui sçavoit mieux garder
Sa vie en combattant que de la demander,
Ayma mieux rester mort que vivre par priere.