Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/534

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Aymez-moy seulement : faites qu’on me revere ;
M’asseant pres de vous dans un throsne severe
De qui le seul regard estonne le meschant,
Et sur qui flambe à nud mon glaive plus tranchant.
Donnez mes tribunaux aux pauvres pour refuges :
N’y laissez point asseoir de mercenaires juges :
Que la seule innocence y trouve comme un fort :
Qu’y manquant de bon droict, on manque de support :
Qu’on n’y laisse engager ma balance à personne :
Qu’on y rende à chacun ce que son droict luy donne :
Bref qu’on m’esleve un siege ou sans rien espargner
On me voye avec vous absolument regner :
Et je doreray plus le fil de vos histoires,
Que tous vos palais d’or, ny toutes vos victoires,
Ny tous les riches dons qu’à plein poing vous semez,
Ny rien par qui vos faits vivent plus renommez.
Dicee alloit encor allonger sa harangue
Bien qu’on vist Eumenie appareiller sa langue,
Et pour ne pouvoir plus à ces mots consentir,
Ouvrir desja la bouche afin de repartir,
Aussi bien que sa sœur, la belle Evergesie
Qui d’un petit courroux sembloit estre saisie :
Quand un nouveau courrier des astres arrivant,
Empescha leurs debats de passer plus avant :
Et fidelle porteur d’ordonnances nouvelles,
Mist fin par ces propos à leurs douces querelles.
Immortelles beautez des esprits plus qu’humains :
Celuy qui tient le monde enfermé dans ses mains
Vous mande qu’il luy plaist qu’afin de rendre esteinte
Toute cause entre vous de dispute et de plainte,
Vous toutes vous ayez la gloire d’imposer
Le surnom que le ciel doit tant favoriser,
L’appellant Panarete, en heureux tesmoignage
Que toutes vous l’aurez marqué de vostre image :