Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/76

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Bien semble-il convenable aux loix de la raison,
Que celuy qui nous vient affranchir de prison,
Payant le prix fatal de la mortelle pomme,
Soit ensemble homme et Dieu, qui pour nous endurant,
Immortel puisse et doive acquiter en mourant
Ce que peut le seul Dieu, ce que doit le seul homme.

Pur homme il ne sçauroit nos douleurs secourir :
Dieu pur en subsistance il ne sçauroit mourir,
Luy qui vient par sa mort donner vie à nostre ame :
Et partant homme et Dieu ta main nous l’a donné :
Comme un Dieu tout-puissant d’une Vierge il est né,
Comme un homme mortel il est né d’une fame.

Ô ! bien-heureux enfant payeur de nos rançons,
Puis que tu nais en vain si nous ne renaissons
Eternels heritiers de ta saincte promesse,
Prens mon cœur pour estable, et pour creiche ma foy,
Me comblant de tant d’heur que de renaistre en moy,
Afin que de nouveau moy-mesme je renaisse.

CANTIQUE
EN FORME DE PRIÈRE, FAICTE POUR LE FEU ROY



Donne, Dieu tout-puissant, donne au Roy ta justice,
Afin qu’en equité ses peuples il regisse,
Et que tout icy bas s’encline à ses genoux :
Allumant ses desirs d’une flamme si sainte,