Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/77

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Qu’espris de ton amour, et guidé par ta crainte,
Il regne sur soy-mesme en regnant dessus nous.

Fay que prenant pitié du pauvre qui souspire,
Sa clemente rigueur serve à tout cet empire
D’un bouclier favorable, et d’un glaive trenchant :
D’un bouclier de salut, d’un glaive de vengeance :
D’un bouclier pour remplir le juste d’asseurance,
Et d’un glaive aiguisé pour la mort du meschant.

Affermy sur son chef sa Royale couronne :
Fay que sous ta faveur sans cesse elle fleuronne,
Ceinte de mainte palme, et de lauriers espaix :
Afin que s’appaisant nos discordes civiles,
Nous voyons desormais et nos champs et nos villes
Dormir entre les bras d’une eternelle Paix.

Ne vois-tu pas, Seigneur, quels violens orages,
Quels vents d’ambition esmeuz en nos courages
Soufflent de tous costez prests à nous abysmer,
Si toy, de qui l’amour et bonté paternelle
Nous paroist sommeiller en ta saincte nasselle,
Ne veux par ton réveil ces tempestes calmer ?

L’insolente fureur des rebelles pensees
Rendant de tout respect les barrieres forcees,
A faict l’irreverence arriver à tel poinct,
Que ceux qui luy devroient sacrifier leur vie,
Pour sauver sa grandeur du malheur poursuivie,
Le pensent obliger de ne l’offenser point.

Las ! Seigneur, sois sa garde entre tant d’adversaires :
Son Royaume à jamais fameux par ses miseres