Page:Berthelot - Discours de réception, 1901.djvu/41

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étaient devenues plus sérieuses, et moins animées par la gaieté de la jeunesse, que quinze ans auparavant les soirées de la rue de Rivoli. La maturité de l’âge et le souvenir des catastrophes traversées avaient passé par là.

À Sèvres, nous nous rassemblions tantôt chez l’un, tantôt chez l’autre, surtout le soir, à l’heure où chacun, las de ses travaux de Paris, était venu chercher la fraîcheur et le repos physique et moral. Quelques amis arrivaient de temps à autre de la grande ville, se joindre à nous pour les repas, les promenades et les jeux de nos enfants. Les parents y causaient librement de toutes choses : affaires privées, éducation et santé ; et affaires publiques : science, arts, lettres, politique et événements du jour. Cet échange de pensées et d’affections, débarrassé de toute contrainte, au milieu de la verdure et du silence des bois, avait quelque chose de doux et de charmant, que ne saurait oublier le dernier survivant de cette aimable société.

Nous nous reposions des émotions violentes, excitées par les désastres que nous venions de traverser, aussi bien que des soucis du moment présent, qui continuait à être troublé par tant d’incertitudes. Depuis, les membres de cette chère réunion se sont dispersés, même avant le