Page:Berthelot - Discours de réception, 1901.djvu/50

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avec plaisir de ce trait de son enfance. « Je tiens, disait-il, à ce qu’on mette dans mon éloge que j’ai appris à lire tout seul. »

Je me conforme d’autant plus volontiers à son innocent désir que ce trait n’est pas un accident, mais qu’il est caractéristique de l’habituelle démarche de son esprit. Il continua de tout apprendre librement et par lui-même. Son enfance et son éducation ressemblent singulièrement à celles de Blaise Pascal. Ses aptitudes mathématiques se révélèrent dès son plus jeune âge. Son père les développait sans jamais lui imposer de travail régulier. Il lui donnait, en guise d’amusettes, de petits problèmes de mathématiques ou de géométrie. Déjà tout travail, chez l’écolier, se faisait de tête, à la promenade, en jouant, en se roulant par terre, ce qui était sa posture favorite. Il combinait, sous son front enfantin, les rapports des nombres et des surfaces en esquissant des culbutes.

Ses parents demeuraient chez son oncle Duhamel, qui avait fondé et qui dirigeait, rue de Vaugirard, une école préparatoire à l’École Polytechnique. L’enfant errait en toute liberté par la vaste maison, entrant dans toutes les classes selon sa fantaisie et recueillant ce qu’il pouvait de la parole des professeurs.