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Page:Berthelot - Discours de réception, 1901.djvu/51

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Vous ignorez, avez-vous dit, ce qu’il y a de vrai dans la tradition qui veut que Joseph Bertrand ait passé, à onze ans, les examens de l’École Polytechnique. Je puis éclairer ce menu point d’histoire. On lit dans une note qu’il avait lui-même rédigée pour Pasteur, chargé de le recevoir à l’Académie française : « En 1833, mon oncle m’envoya au collège Saint-Louis, suivre la classe de M. Delisle… La même année, il demanda pour moi l’autorisation de suivre les cours de l’École Polytechnique. Le directeur des études, Dulong, exigea que je subisse un examen ; M. Lefébure de Fourcy, après m’avoir interrogé pendant une heure, déclara qu’il m’aurait classé deuxième de sa liste. C’était au mois d’août 1833. C’était au mois d’août 1833. J’avais alors onze ans et cinq mois. »

Cette précocité, dont Bertrand fut un éclatant exemple, on sait qu’elle se rencontre quelquefois dans la mathématique et dans la musique ; jamais, du moins au même degré, dans la littérature et dans l’art. C’est sans doute que l’imagination des rapports des nombres et de leurs fonctions peut se passer de toute expérience de la vie, de toute observation de la réalité, de toute connaissance des hommes, de toute philosophie, et que tel n’est point le cas de l’imagination