Page:Berthelot - Discours de réception, 1901.djvu/52

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littéraire ou plastique. Seules, les inventions mathématiques sont de pures constructions dans l’idéal, dans le possible ; elles sont identiques dans les cerveaux pensants et calculants de toutes les planètes, si toutes les planètes sont habitées. Ne tenant à rien de proprement terrestre, elles sont, pour ainsi dire, innocentes ; et c’est pourquoi le génie des mathématiques peut résider sous un front d’enfant. Mais des enfants comme Blaise Pascal et Joseph Bertrand n’en sont pas moins extraordinaires et vénérables par la puissance et la rareté du don qui leur fut infus avec la vie.

Votre prédécesseur, Monsieur, semble avoir porté partout cette indépendance d’un esprit qui fut au-dessus des leçons, qui s’était formé presque sans elles. Nous en pouvons juger : car, heureusement pour nous, il ne se confina point dans la science où il excellait. Il était, comme vous-même, de la lignée de ces savants de France qui furent aussi de grands ou de remarquables écrivains. Il communiquait avec nous, il nous appartenait par ses études sur Pascal, sur d’Alembert, et par ses notices et discours académiques. Il n’avait aucun respect préventif, et il ne lui déplaisait même pas, lorsque telle était sa pensée, d’aller contre l’opinion commune. Son livre sur