dont nous nous chauffons, et l’hydrogène, l’oxygène et l’azote, c’est-à-dire trois gaz sans couleur, sans odeur, sans saveur, et qui échappent pour ainsi dire à nos sens.
C’est uniquement de ces quatre éléments que sont faites les merveilles innombrables de la nature animée. Quelque étrange que cela paraisse, c’est de ces quatre éléments que sont formés tous les corps organiques, l’essence odorante qui gonfle les pétales d’une rose, la pulpe savoureuse des fruits, la poussière colorée des ailes d’un papillon, ou, pour parler comme François Villon, ce corps féminin « qui tant est tendre, poly, souëf, si prétieulx » . Seule la secrète architecture de ces édifices d’atomes varie. Le poète soupire :
Il existe un bleu dont je meurs, Parce qu’il est dans des prunelles.
Le chimiste répond : carbone, hydrogène, oxygène, azote.
Il fallut à Lavoisier une singulière audace pour proposer un système qui heurtait si violemment les impressions, les images involontaires que nous recevons de tout l’ensemble des apparences sensibles, et qui, pour ainsi parler, perçait et dégonflait les prestiges de l’universelle