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Page:Berthelot - Discours de réception, 1901.djvu/58

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illusion. Audace féconde ! Car c’est sur cette conception que repose toute la chimie moderne.

La méthode qu’il employa dans ses recherches fut toujours la même : l’analyse. En décomposant les corps que lui offrait la nature, il les résolvait en leurs éléments.— Est-il possible de suivre une méthode inverse ? Peut-on, en partant de ces éléments, —-carbone, oxygène, hydrogène, azote, —-reconstituer par synthèse ces édifices moléculaires si délicats, si mystérieusement complexes, qui sont les composés organiques ?

Lavoisier ne le crut pas, n’osa pas le croire. « La chimie, dit-il, marche vers son but et vers sa perfection en divisant, subdivisant et resubdivisant encore… La chimie est la science de l’analyse. »

Cette affirmation fut acceptée sans contrôle par ses successeurs immédiats. « Dans la nature vivante, écrivait Berzélius, le grand maître de la chimie dans le second quart du dix-neuvième siècle, les éléments paraissent obéir à des lois autres que dans la nature inorganique. Si l’on parvenait à trouver la cause de ces différences, on aurait la clef de la chimie organique ; mais cette clef est tellement cachée, que nous n’avons