Page:Berthelot - Discours de réception, 1901.djvu/63

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seulement le rappeler en quelques mots à vos nouveaux confrères.

Entre tous les hommes occupés de science, le chimiste est celui qui répond le mieux à l’idée que, dès les premiers âges, le peuple s’est faite du savant, de l’homme qui agit sur la nature et qui en connaît les secrets. Le savant, pour la foule, ce n’est pas le mathématicien, le naturaliste, l’historien, le philologue : c’est, essentiellement, l’alchimiste, le sorcier, le docteur Faust, celui qui sait les vertus des corps et leurs influences réciproques, qui sait même en faire de nouveaux, faire de l’or, faire de la vie, changer la figure des choses, créer après Dieu.

Vous n’avez pas pétri ni animé l’homunculus de Faust. Même, il faut bien l’avouer, vous n’avez pas encore fait un brin d’herbe. Mais vous pouvez reproduire la substance dont l’herbe est faite. Votre chimie rationnelle a égalé sur quelques points les miracles rêvés par la chimérique alchimie. Autant que cela est actuellement permis à la faiblesse humaine, vous avez su les secrets, et vous avez agi sur la nature.

Vous avez su les secrets. Vous avez connu l’unité de la matière ; vous avez pénétré jusqu’à l’atome irréductible. Vous avez vu que les différences des corps ne sont que les différences de